Son socle axiomatique repose sur 4 a priori.
Il s’agit là d’un choix de société mûrement réfléchi et explicitement assumé.
1. A PRIORI ETHIQUE
Notre démarche est guidée par les fondements de la morale agnostique et de la laïcité.
La morale agnostique repose sur une pensée qui « a pour finalité la primauté de l’homme, pour instrument la raison et pour méthode le libre examen. Elle refuse toute vérité révélée et tout argument qui n’a pour lui que l’autorité [2]. »
Le principe de laïcité distingue ce qui est de tous, le public, et ce qui est de plusieurs, le communautaire. Il peut se résumer dans la formule de R. Debray : « La foi oui. La foi qui fait loi, non [3] ».
2. A PRIORI SOCIOLOGIQUE
Il consiste à envisager le rapport individu/société selon le modèle de l’individualisme méthodologique complexe qui consacre l’idée d’une « autotranscendance » du social qui « tient dans la coexistence apparemment paradoxale des deux propositions suivantes :
1. Ce sont les individus qui font, ou plutôt « agissent », les phénomènes collectifs (individualisme) ;
2. Les phénomènes collectifs sont (infiniment) plus complexes que les individus qui les ont engendrés, ils n’obéissent qu’à leurs lois propres (auto-organisation).
Tenir ensemble ces deux propositions permet de défendre la thèse de l’autonomie du social – l’autonomie de la société et l’autonomie d’une science de la société, c’est-à-dire sa non réductibilité à la psychologie – tout en restant fidèle à la règle d’or de l’individualisme méthodologique : ne pas faire des êtres collectifs des substances ou des sujets. [4] »
3. A PRIORI ANTHROPOLOGIQUE
Compatible avec le précédent au sens où il l’englobe, il s’agit du paradigme du don qui oppose la règle sociale primordiale que M. Mauss nomme « la triple obligation de donner, recevoir et rendre [5] » à la pensée utilitariste basée sur l’intérêt.
La définition socio-anthropologique du don étant : « Toute prestation de biens ou de services effectuée, sans garantie de retour, en vue de créer, entretenir ou régénérer le lien social. Dans la relation de don, le lien importe plus que le bien. [6] »
4. A PRIORI EPISTEMOLOGIQUE
Complémentaire aux deux précédents, il consiste en une appréhension « constructiviste » du savoir et de la connaissance reposant sur le postulat de J. Piaget qui affirme que « l’intelligence organise le monde en s’organisant elle-même. [7] »
Il en découle que « la conception que tout individu a du monde est et reste toujours une construction de son esprit, et on ne peut jamais prouver qu’elle ait une quelconque autre existence. [8] »
De ce choix découlent des conséquences éthique et esthétique – essentielles pour la problématique de l’adolescence que nous abordons – bien mises en évidence par H. Von Foerster et qu’on peut condenser sous forme de deux impératifs : « L’impératif éthique sera : agis toujours de manière à augmenter le nombre des choix possibles. Et l’impératif esthétique : si tu veux voir, apprends à agir. [9] ».